Prothèse Unic (PUC)

La Prothèse Uni Compartimentale, « mini » prothèse du genou

Le principe de pose d’une PUC en animation 3D

Quand poser l’indication d’une PUC ?

Quand l’arthrose du genou est trop évoluée, et que son retentissement fonctionnel (en terme de limitation des activités de la vie quotidienne) et/ou douloureux, n’est plus maîtrisé par les traitements médicaux ou les infiltrations, il est temps d’envisager la chirurgie prothétique.

Arthrose du genou prédominant sur l'intérieur: arthrose fémoro-tibiale interne
Arthrose du genou prédominant sur l’intérieur: arthrose fémoro-tibiale interne
Prothèse Uni Compartiementale interne de face
Prothèse Uni Compartiementale interne de face
Prothèse Uni Compartiementale interne de profil
Prothèse Uni Compartiementale interne de profil

Si cette usure du cartilage est limitée à une seule partie du genou, il est possible de ne resurfacer que cette partie usée, sans changer « tout le genou ».
C’est la Prothèse Uni Compartimentale.

Nous l’avons vu au chapitre « anatomie du genou« , l’articulation du genou est sous divisée en trois « compartiments:
– fémoro-patellaire = articulation entre la rotule et le fémur
– fémoro-tibial interne = articulation entre le fémur et le plateau tibial interne
– fémoro-tibial externe = articulation entre le fémur et le plateau tibial externe

dans 80% des cas, l’usure prédomine sur le compartiment fémoro tibial interne.

La PUC nécessite une cicatrice plus petite que la PTG, une durée d’hospitalisation plus courte (3 jours le plus souvent), et une récupération fonctionnelle plus rapide;
Elle n’est cependant réalisable que dans certaines conditions: nombreuses sont les contre-indications relatives ou absolues à cette intervention, qui est techniquement plus difficile que la PTG.

Les complications

Pendant l’intervention

Les os peuvent se casser (fracture) lors de la phase de préparation. Ceci nécessitera alors des fixations supplémentaires (vis, plaque, …) ou le choix d’un modèle de prothèse différent.
Parfois, une deuxième intervention peut être nécessaire.
L’opération n’est pas sans danger pour les artères et les nerfs qui passent à proximité de l’articulation. Un accident est possible, surtout en cas de fragilité particulière. Il y alors hémorragie, ou risque de paralysie avec parfois séquelles. Mais cela reste exceptionnel.

Après l’intervention

Infection

Une infection est possible, c’est grave et nécessite toujours un traitement lourd. En cas d’infection aiguë, une ré-intervention rapide avec nettoyage de l’articulation + antibiotiques en intraveineux plusieurs mois peut suffire parfois à guérir. Si l’infection est détectée plus d’un mois après la mise en place de la prothèse, une intervention avec remplacement en une ou deux fois de la prothèse peut être nécessaire avec toujours hospitalisation et perfusion d’antibiotiques pendant plusieurs mois.
Ceci reste heureusement exceptionnel (moins de 1 à 2 % des prothèses). D’où l’importance de la préparation pré-opératoire (détection des infections cachées, diabète bien équilibré, arrêt du tabac, …).
Une prothèse peut également s’infecter des années après intervention. Une infection ailleurs (dents, peau, …) peut se propager dans le sang et se fixer sur la prothèse même si celle-ci est en place depuis plusieurs années.
Toute infection chez un patient porteur d’une prothèse devra être traitée rapidement.

Hémorragie

Le saignement peropératoire, et post opératoire (dans les drains, ou dans les hématômes), peut nécéssiter chez les patients les plus fragiles (âgés, cardiaques, insuffisants respiratoires), une transfusion sanguine.
Nous disposons de différents moyens pour l’éviter:
– préparation préopératoire par EPREX (erythropoïétine qui « dope » le patient avant l’opération pour prévenir de l’anémie)
– récupération sanguine peropératoire
– soin particulier apporté à l’hémostase pendant l’opération
– hémodilution ormoviolémique
– substitus à la transfusion sanguine: VEINOFER par exemple

Les phlébites

Le risque d’un caillot dans une veine (phlébite) est important après une telle intervention. Ceci est encore augmenté en cas de mauvaise circulation veineuse. Des anticoagulants sont ainsi systématiquement prescrits (la plupart du temps en une injection sous-cutanée par jour pendant plusieurs semaines, parfois par un traitement per os.
En cas de phlébite, une embolie pulmonaire est possible avec décès du patient.
Des problèmes de cicatrisation peuvent également apparaître en post-opératoire (allergie ou intolérance au fil, rupture des zones recousues, …).

La mobilité

Une boiterie peut persister en cas de genou raide ou si les muscles n’ont pas suffisamment récupéré.
La mobilité ne peut pas être garantie après l’intervention. Si le patient parvient à une extension complète ou à une flexion d’au minimum 110°, le résultat peut être considéré comme bon.
Ceci dépend surtout de la raideur pré-opératoire. Certains patients font également beaucoup d’adhérences, et nécessitent dans les semaines ou mois qui suivent l’intervention, une mobilisation sous anesthésie générale. Cette mobilisation nécessite une hospitalisation de quelques jours, et est suivie de kinésithérapie plus intensive souvent sur kinétek.
Dans certains cas, la jambe peut rester déviée en dedans ou en dehors : des défauts d’axe ne peuvent pas toujours être complètement corrigés.

L’algodystrophie

Dans les semaines qui suivent l’intervention, le genou peut gonfler, devenir raide et douloureux malgré une bonne évolution au départ. Cette réaction est appelée algodystrophie. Cette raideur met souvent plusieurs mois voire même un à deux ans pour disparaître, avec parfois des séquelles. Une algodystrophie peut se déclarer même si l’intervention s’est bien passée.

Le matériel

Tout à fait exceptionnellement la prothèse peut se casser. Une ré-intervention est alors nécessaire.
A très long terme, se produit le descellement. La prothèse est considérée comme un corps étranger, et peut être progressivement rejetée par le corps. Des cellules appelées macrophages provoquent une réaction inflammatoire entre la prothèse et l’os et la font se détacher. Ceci se produit la plupart du temps après quelques années (la plupart du temps plus de 10 ans). Le remplacement de la prothèse est alors nécessaire.
Parfois des douleurs persistent bien que la prothèse soit parfaitement posée. Elles restent généralement minimes et localisées. Il n’y a pas d’explication à ce phénomène.

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